Congo 1960 – épisode 8 : le 30 juin 1960, le Congo est indépendant, la fête et le coup de tonnerre

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Léopoldville se prépare à une grande fête. Pour le Congo comme pour la Belgique, ce jeudi 30 juin 1960 est une journée...

Léopoldville se prépare à une grande fête. Pour le Congo comme pour la Belgique, ce jeudi 30 juin 1960 est une journée historique, après 80 années de présence belge. L’indépendance doit être proclamée à 11 heures, au Palais de la Nation, le siège du Parlement congolais. Le site est grandiose, au bord du grand fleuve Congo.

" J’étais impressionné, j’étais stressé. Nous sommes en direct avec la population, donc en direct à la radio. Toute la ville m’écoute, et je pense que c’était tout le Congo qui m’écoutait… Tous ceux qui avaient des postes de radio. "" J’étais aux anges. Mais quant à savoir la portée exacte du geste historique qui a été posé, non, ce serait mentir.

Patrice Lumumba lui annonce qu’il va prendre la parole au Parlement et lui demande de relire et de corriger le texte. Thomas Kanza répond à Lumumba que c’est un excellent discours, à prononcer au stade devant la population, mais que" le Parlement n’est ni l’endroit ni l’occasion de prononcer ce discours". Au départ, ce discours devait effectivement être prononcé au stade l’après-midi même.

Congo 1960 – épisode 7 : le 24 juin 1960, lutte pour le pouvoir au sommet – Kasa-Vubu est élu président et Lumumba devient Premier ministre « Qui va empêcher Lumumba de parler ? » " J’ai dit : ‘Monsieur le Premier ministre Eyskens…’ – Je l’appelais même ‘Monsieur le professeur’parce que je l’ai connu à Louvain -, j’ai dit : ‘Monsieur le professeur, qui va empêcher Lumumba de parler ? Vous et moi, ainsi que le roi Baudouin, nous serons assis là-bas. Qui va empêcher le président Kasongo qui préside la séance de donner la parole à Lumumba ?’.

Thomas Kanza : " Monsieur Eyskens était très inquiet parce que, quand Sa Majesté le roi Baudouin parlait, même quand le président Kasa-Vubu parlait, M. Lumumba corrigeait son manuscrit. Et mes yeux croisaient tout le temps les yeux de MM. Eyskens et Wigny, qui commençaient à se demander si ce que je leur avais dit pouvait se réaliser. "

" À ce moment-là, j’étais vraiment triste de voir que ce grand jour historique, pour nous et pour la Belgique, devienne un jour de grand malentendu, et avec des conséquences très graves. Et tout ça, à cause du complexe de supériorité des ministres belges, eux qui n’avaient pas eu la modestie de négocier avec Lumumba et de reporter d’au moins une heure la proclamation de l’indépendance du Congo".

Le toast de réparation : « Vive le roi Baudouin ! » La radio belge confirme le soir même la version de Thomas Kanza. Les trois ministres congolais en charge des Affaires étrangères, ayant tous trois étudié en Belgique, interviennent et proposent que le Premier ministre Lumumba, qui devait prononcer un toast durant le banquet officiel, saisisse l’occasion pour nuancer ses propos.

Le discours de Lumumba permet en effet à de nombreux officiels belges de conforter leur opposition à un homme perçu par eux comme hostile à la Belgique, à l’Eglise, au libéralisme économique et au maintien d’une présence belge. Un discours utilisé contre Patrice Lumumba, désormais l’homme à abattre En réalité, le discours n’a pas un retentissement politique immédiat. Les officiels belges eux-mêmes minimisent : " L’essentiel n’est pas là ". Le discours ne joue aucun rôle dans la mutinerie de l’armée congolaise ni dans la sécession du Katanga, quelques jours plus tard.

Le ministre belge Walter Ganshof van der Meersch, le troisième ministre du Congo, admettra plus tard : " Dans les trompeuses certitudes que donnent les longues habitudes d’une pensée confirmée ", trop de Belges " entendaient faire valoir la générosité du don que la Belgique faisait au Congo ". C’est, écrit-il, " une de nos trop fréquentes erreurs ".

L’anecdote est révélatrice de la méconnaissance du Congo et du racisme"ordinaire"de bien des officiels. Beaucoup de Belges imaginent vite des" idées subversives " inspirées de l’extérieur du Congo. Il y avait " parmi les mythes autour de la notion d’indépendance ", celui selon lequel " les portes de prisons s’ouvriraient et les prisonniers sortiraient libres ". Des grâces et des remises de peine pour les prisonniers sans danger pour la collectivité, c’était, pour Lumumba, précise Pierre Duvivier, rapide à faire et " spectaculaire ".

Une éventuelle intervention militaire belge, à la demande du seul Congo Ces trois points sont essentiels pour les Congolais. Ils ne figuraient pas dans le projet initial de la Belgique, qui parlait seulement de " facilités mutuelles " dans le domaine militaire.La Force navale belge se déploie à l’embouchure du fleuve A la fin du mois de juin, la Belgique renforce discrètement la Force navale belge au Congo.

Les 10 et 11 juillet, l’armée belge intervient en force dans plusieurs régions du Congo pour protéger des Belges menacés ou pour prendre le contrôle d’installations stratégiques. Elle attaque des garnisons ou des positions congolaises, y compris non mutinées, et où se trouvent parfois des officiers belges de l’armée congolaise. Deux de ces interventions belges n’avaient aucun but humanitaire.

Le Traité d’amitié et de coopération a vécu. Le président Kasa-Vubu et le Premier ministre Lumumba prennent ces décisions ensemble, alors qu’on a souvent soutenu qu’il s’agissait de décisions du seul Premier ministre.L’indépendance du Congo constitue l’aboutissement de l’œuvre conçue par le génie du roi Léopold II, entreprise par lui avec un courage tenace et continuée avec persévérance par la Belgique.

Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir parce que nous étions des Nègres. Qui oubliera qu’à un Noir on disait"tu", non certes, comme à un ami, mais parce que le"vous"honorable était réservé aux seuls Blancs ? [… ] Nous avons connu que la loi n’était jamais la même selon qu’il s’agissait d’un Blanc ou d’un Noir : accommodante pour les uns, cruelle et inhumaine pour les autres.

" C’était vrai, oui, mais beaucoup plus tôt dans le temps, plus à ce moment-là. Mais il ne devait pas rouvrir la plaie. Lumumba était trop violent dans son style. Le moment n’était pas indiqué pour dire cela. Et cela a été à la base de la situation qu’on a connue par après, notamment la mutinerie de la Force publique. Six jours plus tard, on a connu cette mutinerie. "" On ne le souhaitait pas.

" Il est évident que l’indépendance a été proclamée dans des formules qui en faisaient un octroi aux Congolais par les Belges, mais elle a été concédée par les Belges qui étaient forcés de le faire. Donc, vous pourrez faire les deux lectures : vous avez le discours de Lumumba et celui du Roi lors de l’indépendance.

Mais il y a une différence entre les deux mythologies, précise Jean Stengers. Chez les Belges, on était " habitué à la première" mythologie alors que la seconde, celle des Congolais " choquait par sa nouveauté même". Et, ajoute-t-il, " Patrice Lumumba nageait en pleine mythologie en inventant une lutte faite ‘de larmes, de feu et de sang’.

L’armée belge intervient : 10.000 soldats arrivent en renfort et, dans certains cas, attaquent des positions de l’armée congolaise.

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