L'ambition de Donald Trump d'annexer le Groenland s'inscrit dans une stratégie complexe, mêlant intérêts économiques, commerciaux et géopolitiques. L'île, riche en ressources naturelles et stratégique pour le contrôle de l'Océan Arctique, suscite des convoitises américaines face à l'influence grandissante de la Russie et de la Chine dans la région.
Les États-Unis manifestent un intérêt croissant pour le Groenland , un territoire immense qui relie l'Océan Atlantique à l'Océan Arctique . Cette fascination américaine n'est pas uniquement motivée par des raisons économiques, mais aussi par des considérations géopolitique s importantes. Donald Trump, en ayant l'ambition d'annexer le Groenland , cherche à contrer l'influence grandissante de la Russie et de la Chine , y compris leur présence militaire.
Cette logique stratégique pourrait l'amener également à se tourner vers l'Islande. C'est l'opinion de Pierre Clairé, diplômé du Collège d'Europe à Bruges et analyste du Millénaire, un think tank conservateur spécialisé en politiques publiques. Dans une interview accordée à Les Couleurs de l'Info, il analyse les motivations américaines derrière cette volonté expansionniste. «Le Groenland n'est pas à vendre», avait déclaré Mute Egede, le Premier ministre groenlandais, fin décembre 2024, en réponse aux déclarations fracassantes de Donald Trump concernant l'île du monde. Le Groenland, peuplé d'un peu plus de 50 000 habitants, s'étend sur près de 2,2 millions de km², soit environ 72 fois la taille de la Belgique. Cette île, peu habitée, est recouverte de plus de 80% de glace. Cependant, sous cette couche glaciaire se cachent des métaux rares et précieux, essentiels pour la transition climatique, l'armement et l'industrie automobile. La fonte des glaces facilite leur exploitation, en plus des gisements de pétrole et de gaz. Selon des estimations rapportées par L'Echo, ce territoire contiendrait à lui seul 25% des réserves mondiales en terres rares. Un marché extrêmement important, d'autant plus que la Chine occupe une position de quasi monopole sur le marché des terres rares avec 70% de la production mondiale, précise Pierre Clairé. Il est donc compréhensible que le Groenland suscite des convoitises américaines, sans compter les gisements de pétrole et de gaz dont l'extraction est interdite depuis 2021. Mais l'économie ne justifie pas à elle seule les velléités expansionnistes américaines. Pierre Clairé souligne que des terres rares existent également dans l'est de l'Ukraine, un pays dont la défense est négligée par Trump. Les États-Unis portent un triple intérêt à ce gigantesque territoire. La deuxième raison relève d'une pure stratégie commerciale à long terme : la fonte des glaces ouvre une nouvelle route maritime, navigable d'ici 2050, notamment celle du chemin du Nord-Est qui longe les côtes russes arctiques. Cette nouvelle voie offrirait une jonction plus rapide pour les navires entre l'Atlantique et le Pacifique. « Là, les Américains ont un retard considérable face à la Russie, évidemment, mais aussi face à la Chine qui est très présente sur ce thème et qui multiplie les voyages. Face au laxisme et au manque d'action des Européens, Danois et donc des Canadiens, les Américains et Trump se disent qu'il faut agir parce qu'il y a une position stratégique à maintenir », ajoute l'analyste du Millénaire. Le troisième motif, qui nous intéresse particulièrement dans cette analyse, est le point de vue géopolitique. Le Groenland est le territoire qui assure la jonction entre l'Océan Arctique et l'Atlantique, placé entre l'Europe et l'Amérique. Pour les États-Unis, il devient impératif de s'y établir, « sachant que la Russie et même la Chine militarisent ou veulent militariser de manière importante cette zone (appelée passage GIUK, une ligne imaginaire à l'entrée de la mer de Norvège reliant à la fois le Groenland, l'Islande et le Royaume-Uni, ndlr.). Donc si les États-Unis venaient à contrôler le Groenland, ils pourraient verrouiller l'accès à l'Atlantique et empêcher le passage de sous-marins ou de bateaux de guerre russes et chinois ». Le temps presse pour les Américains, alors que les Russes « ont militarisé leur partie de l'Arctique et les missiles postés en Sibérie russe pourraient frapper les États-Unis ». La route la plus rapide pour contrer Moscou passe donc par le Groenland. Les Américains y possèdent même déjà une base militaire. Mais cette base spatiale de Pituffik est « une base de repérage », précise Pierre Clairé. « Il n'y a rien en termes de défense. C'est pour ça que Trump a peur et se dit 'si les Danois ne s'occupent pas de la sécurité de l'île, je vais le faire ». Le besoin d'une militarisation de cette zone pour contrer Moscou peut sembler logique puisqu'elle est géographiquement proche des États-Unis. Mais la menace militaire de Pékin dans cette région est plus étonnante. Et même plus préoccupante pour Trump. Pour rappel « la Chine est définie comme l'ennemi stratégique et le concurrent américain numéro un ». Xi Jinping a fait entrer la Chine au Conseil de l'Arctique, comme observateur, en 2013, peu de temps après son arrivée au pouvoir car cette zone représentait « une partie importante de sa politique des Nouvelles Routes de la soie ». Depuis plus de dix ans, la Chine a installé des centres scientifiques sous le cercle polaire Arctique, tant en Islande qu'en Suède ou en Norvège. Mais des soupçons se portent sur ces bases qui seraient « peut-être plus que scientifiques », précise Pierre Clairé.
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